CHAPITRE DEUX




Honor Harrington soupira en s'écartant du terminal, se radossa et se pinça l'arête du nez.

Pas étonnant que l'amiral Courvosier se soit montré si vague quant au radoub : son vieux mentor la connaissait trop bien; il savait exactement quelle réaction elle aurait eue s'il lui avait dit la vérité, et il ne tenait pas à la voir ficher en l'air sa première affectation aux commandes d'un croiseur sur un coup de colère.

Elle se secoua, puis se leva en s'étirant, et Nimitz ouvrit un œil pour la regarder. Il voulut descendre du juchoir rembourré que le nouvel intendant d'Honor avait bricolé à sa demande, mais elle l'en empêcha en émettant le petit bruit qui lui indiquait qu'elle devait réfléchir. Il resta un instant la tête penchée, fit un petit blic et se recoucha.

Elle fit rapidement le tour de sa cabine. C'était un des bons côtés de l'Intrépide : jaugeant moins de quatre-vingt-dix mille tonnes, c'était un petit bâtiment selon les critères modernes, mais les quartiers du capitaine étaient spacieux comparés à ceux de l'Aile-de-Faucon. Certes, d'un point de vue planétaire, ils restaient exigus, mais il y avait des années qu'Honor n'appliquait plus ces normes à son cadre de vie. Elle jouissait même d'un compartiment salle à manger assez grand pour accueillir tous ses officiers lors des grandes occasions, et ça, à bord d'un navire de guerre, c'était vraiment du luxe.

Cependant, tout cet espace ne la consolait pas des effrayantes mutilations que l'Héphaïstos faisait subir à son cher bâtiment.

Elle prit le temps de nettoyer la plaque dorée fixée à la paroi proche de son bureau. Une empreinte de doigt apparaissait sur l'alliage poli et une bouffée familière d'autodérision l'envahit comme elle se penchait pour l'effacer de la manche. Depuis douze ans et demi, cet objet l'accompagnait de bâtiment en bâtiment, à terre et dans l'espace, et elle se serait sentie perdue sans lui. C'était son porte-bonheur, son totem. Du bout de l'index, elle suivit lentement la longue aile effilée du planeur gravé dans l'or et se remémora le jour où elle s'était aperçue à l'atterrissage qu'elle avait établi un nouveau record à l'Académie — record qui tenait toujours —, d'altitude, de durée et d'acrobatie combinées, et elle sourit.

Mais son plaisir s'effaça lorsqu'elle jeta un coup d'œil au compartiment salle à manger par le panneau ouvert. Elle soupira encore une fois. L'idée du dîner de ce soir ne la réjouissait pas —non plus, d'ailleurs, que celle de visiter le croiseur, après ce qu'elle avait découvert dans l'ordinateur. Le bonheur qu'elle éprouvait naguère avait viré à l'aigre et les deux cérémonies de transfert de commandement à venir, pourtant les plus agréables, avaient soudain perdu de leur charme.

Elle avait dit à McKeon vouloir examiner les livres de bord et elle l'avait fait, mais elle s'était surtout intéressée aux spécifications du réarmement et aux instructions détaillées trouvées dans la base de données protégée du capitaine. Le tableau des modifications que lui avait brossé McKeon n'était que trop exact, bien qu'il eût omis de mentionner qu'en plus de dépouiller l'Intrépide des deux tiers de ses lance-missiles, l'arsenal rognait également sur le volume de ses soutes à munitions. Le stockage des missiles était toujours problématique, notamment dans le cas de petits bâtiments de guerre comme les croiseurs et les cuirassés légers, parce qu'un missile à impulseur est obligatoirement volumineux.

On ne pouvait en caser qu'un nombre limité à bord et, puisqu'on avait décidé de réduire la quantité de tubes de l'Intrépide, les autorités n'avaient pas vu de raison de ne pas réduire aussi ses soutes. Après tout, cela libérait de la place pour quatre lance-torpilles à énergie en plus.

Elle sentit ses lèvres se retrousser en un rictus féroce et dut faire un effort pour maîtriser son expression; Nimitz lança un pépiement interrogatif : l'appareil vocal des chats sylvestres était malheureusement inadapté à l'articulation et, si cela ne posait pas de problème de communication entre eux parce qu'ils se servaient presque uniquement de leur mystérieux sens télé-empathique, beaucoup d'humains avaient tendance à gravement sous-estimer leur intelligence. Honor, elle, ne s'y laissait pas prendre et savait que Nimitz était toujours sensible à son humeur; elle allait jusqu'à le soupçonner de mieux la connaître qu'elle ne se connaissait elle-même, et elle prit un moment pour le gratter sous le menton avant de se remettre à faire les cent pas.

La situation était on ne peut plus simple, songea-t-elle : elle était tombée entre les griffes d'Hemphill l'Horrible et de sa clique, et c'était désormais à elle de faire passer leur bêtise pour du génie.

Elle grinça des dents. Deux grands courants de pensée tactique s'affrontaient à la Flotte : celui des traditionalistes, dont la tête de file était l'amiral Hamish Alexander, et celui de la « jeune école » de l'amiral des rouges, Lady Sonja Hemphill. Pour Alexander — et Honor —, les principes fondamentaux en matière de tactique demeuraient souverains quels que soient les types d'armement concernés, et il suffisait d'intégrer les armes dernier cri aux modèles conceptuels existants, en opérant naturellement les ajustements qu'exigeaient les nouvelles capacités ainsi obtenues. La jeune école, en revanche, considérait que les armes fixaient les choix tactiques et que la technologie, convenablement utilisée, rendait l'analyse historique caduque. Et, par malheur, les aléas de la politique faisaient qu'Hemphill l'Horrible et ses marchands de produits miracle avaient justement le vent en poupe.

Honor réprima une envie — rare chez elle — de jurer violemment. Elle ne s'intéressait pas à la politique, elle ne comprenait pas la politique et elle n'aimait pas la politique, mais elle n'en ignorait pas pour autant le dilemme dans lequel était placé le gouvernement Cromarty : confronté à l'opposition inébranlable des libéraux et des progressistes aux budgets militaires surgonflés, et aux soi-disant Hommes Nouveaux » qui faisaient mine de chercher une alliance temporaire avec eux, le duc Allen avait été forcé d'attirer dans son camp l'Association des conservateurs pour faire contrepoids; il y avait peu de chances pour que les conservateurs gardent longtemps profil bas — leur isolationnisme xénophobe et leur protectionnisme étaient trop radicalement opposés au point de vue des centristes et des loyalistes selon lequel une guerre ouverte avec la République populaire de Havre était inévitable —, mais pour l'instant leur présence était nécessaire et ils avaient demandé le prix fort pour leur alliance : ils avaient exigé le ministère des Armées, et le duc Allen avait dû s'incliner : il avait nommé Sir Edward Janacek Premier Lord de l'Amirauté, administrateur civil du service même d'Honor, dépendant du ministère de la Guerre.

En son temps, Janacek avait été amiral, un amiral réputé coriace et volontaire, mais il aurait été difficile aujourd'hui de trouver plus réactionnaire et plus xénophobe. Il faisait partie du groupe qui s'était opposé à l'annexion de Basilic, le terminus du nœud de Manticore, sous prétexte que cela risquait de e susciter l'hostilité de nos voisins » (traduire : ce serait le premier pas sur le chemin de l'aventurisme hors de nos frontières), et ce n'était déjà pas bon signe. Honor, tout apolitique qu'elle fût, savait néanmoins quel parti avait sa faveur; les centristes se rendaient bien compte que l'expansionnisme de la République de Havre allait inévitablement l'amener à entrer en conflit avec le Royaume, et ils se préparaient à cette issue. Les conservateurs, eux, voulaient se cacher la tête dans le sable en attendant que tout s'arrange, mais ils acceptaient néanmoins de soutenir la création d'une flotte puissante pour préserver leur précieux isolement.

Cependant, l'élément qui affectait le plus l'Intrépide dans l'immédiat, c'était qu'Hemphill était cousine au second degré de Janacek et que celui-ci éprouvait une aversion personnelle pour l'amiral Alexander; pis, le nouveau Premier Lord craignait la pression des traditionalistes qui assuraient qu'une politique agressive d'expansion comme celle de Havre cesserait seulement le jour où on la réduirait par la force; et, pour finir, Hemphill était un des amiraux les plus âgés des rouges. Chacun des rangs des officiers généraux de la Flotte était divisé en deux castes sur la base de l'ancienneté; ceux de la moitié la plus jeune faisaient partie des amiraux des rouges, ou division Griffon, tandis que les officiers de la moitié doyenne appartenaient aux amiraux des verts, ou division Manticore. Par simple effet de longévité, tous les officiers généraux finissaient par passer d'une division à l'autre, mais ils pouvaient aussi se voir promus par-dessus la tête de leurs collègues, et, avec un cousin Premier Lord, Lady Sonja était en bonne place pour accéder aux verts — surtout si elle était à même de justifier ses théories tactiques. Toutes choses qui, par leur convergence, avaient fourni à Hemphill l'Horrible le coutelas pour dépecer le bâtiment impuissant d'Honor.

Avec un grondement, elle envoya promener un tabouret d'un coup de pied. Cela ne lui procura qu'une satisfaction passagère et elle se laissa retomber dans son fauteuil pour contempler son écran d'un œil noir.

Apparemment, son affectation était la « récompense » pour être sortie première à l'examen final du cours de perfectionnement tactique de l'amiral Courvosier, car l'Intrépide était aussi l'arme secrète d'Hemphill pour les prochains exercices de la Flotte. Cela expliquait les contraintes de sécurité qui entouraient le réarmement (et dont Courvosier avait pris prétexte pour ne pas prévenir Honor), et la jeune femme imaginait très bien Hemphill en train de glousser de plaisir tout en se frottant les mains. En tout cas, si Honor avait su ce qui l'attendait, elle aurait joyeusement accepté de perdre quelques points de pourcentage pour l'éviter, bon sang !

Elle se frotta les yeux en se demandant si McKeon était au courant de leur rôle dans les manœuvres de la Flotte. Sans doute pas; il n'avait pas eu l'air assez catastrophé étant donné ce que les modifications allaient retrancher à leur efficacité et, très certainement, à la réputation de l'Intrépide.

L'ennui, c'était que la théorie tenait debout, sur le papier. Les remparts gravifiques latéraux formaient la première et principale ligne de défense de tout navire de guerre; la propulsion par impulseur créait une double bande à gradient de gravité, au-dessus et au-dessous du bâtiment — une convergence ouverte aux deux extrémités, dont celle de proue était beaucoup plus ouverte que celle de poupe —, et qui permettait en théorie d'atteindre instantanément la vitesse de la lumière. Naturellement, une telle accélération réduirait l'équipage en purée sanglante; un navire de combat sous impulseur ne parvenait au mieux qu'à une accélération très inférieure à six cents gravités, même muni des nouveaux compensateurs d'inertie, qui constituaient tout de même un progrès gigantesque. Et pas seulement en matière de propulsion : nulle arme connue n'était capable de pénétrer les bandes propulsives principales d'un impulseur de classe militaire, ce qui signifiait que la simple mise en route de ses impulseurs suffisait à protéger un bâtiment contre tous les tirs d'en haut comme d'en bas.

Ce système laissait cependant vulnérables les côtés de la convergence des bandes à gradient de gravité, car eux aussi étaient ouverts, jusqu'à ce qu'on invente le rempart gravifique latéral qui permettait de protéger également les flancs. Malheureusement, il restait impossible de bloquer les extrémités de la proue et de la poupe, même à l'aide d'un rempart latéral, et, de toute façon, les remparts les plus résistants qu'on pût générer demeuraient beaucoup plus faibles qu'une bande propulsive. On pouvait les franchir, eux, surtout avec des missiles équipés d'assistants de pénétration, mais il fallait une puissante arme à énergie employée à très courte distance (relativement parlant) pour obtenir un résultat valable, et cela limitait les faisceaux à une portée maximale de quatre cent mille kilomètres.

Cela signifiait aussi que les batailles en espace profond avaient une désagréable tendance à s'achever en matchs nuls, d'un point de vue tactique, quelle que soit leur importance sur le plan stratégique. Quand une des flottes se voyait mal engagée, elle faisait simplement pivoter ses unités sur le flanc pour ne présenter que le mur impénétrable de leurs bandes gravitiques, cependant qu'elle tentait de décrocher. La seule parade consistait à se lancer dans une poursuite acharnée, mais de ce fait les poursuivants exposaient les arcs frontaux sans défense de leurs bandes convergentes et invitaient le tir en enfilade de leur proie. Les combats de croiseurs étaient assez souvent menés à leur terme, mais les engagements entre bâtiments de ligne prenaient trop fréquemment l'allure solennelle d'une danse compliquée dont tous les acteurs connaissaient par cœur les pas.

La situation restait inchangée depuis six siècles standard, hormis les modifications dans les distances d'engagement que permettaient l'amélioration des armes à faisceau ou les innovations des concepteurs pour augmenter la résistance des défenses à la pénétration des missiles, et, pour Hemphill et ses technolâtres, c'était intolérable. Selon eux, la lance gravifique pouvait balayer le statu quo et ils étaient résolus à en faire la démonstration.

D'un point de vue théorique, Honor devait reconnaître que leur idée se tenait. D'un point de vue théorique. Tout au fond, elle souhaitait même, avec un peu de regret, qu'ils aient raison, car la tacticienne en elle détestait l'idée de ces combats sanglants et ritualisés. Le véritable objectif, c'était la flotte de l'ennemi, pas son territoire, car si ses escadres survivaient on était obligé d'en revenir à une stratégie d'usure et de blocus — et ce genre de guerre faisait finalement beaucoup plus de victimes.

Néanmoins, la jeune école se trompait. La lance gravifique était une invention récente qui aurait peut-être un jour, en effet, le potentiel qu'Hemphill lui prêtait, mais elle ne le possédait certes pas encore. Avec un minimum de chance, un coup au but pouvait déclencher une séquence harmonique capable de griller n'importe quel générateur de remparts latéraux, mais l'arme demeurait difficile à manier, tirait lentement, nécessitait une masse énorme, et sa portée maximale dans les meilleures conditions était d'à peine cent mille kilomètres.

Et tel était le défaut majeur de l'affaire, songea Honor, lugubre. Pour utiliser la lance, un bâtiment devait se placer à bout portant de l'ennemi qui, lui, aurait déjà commencé à essayer de le détruire à une distance de plus d'un million de kilomètres et à faire donner ses armes à énergie à quatre fois la portée de la lance gravifique. À la rigueur, l'équipement en question aurait sa place à bord d'un bâtiment de ligne qui posséderait la masse voulue, mais seul un crétin (ou Hemphill l'Horrible) imaginerait de l'installer sur un croiseur léger ! L'Intrépide n'avait en aucune façon les défenses indispensables pour survivre au feu ennemi pendant qu'il se rapprochait et, grâce à la lance gravifique, il ne disposait même plus des armes offensives pour répliquer efficacement ! Ah, bien sûr, s'il parvenait à bonne distance pour la lance et si l'arme faisait son travail, les grosses batteries de torpilles à énergie dont Hemphill l'avait bourré pourraient tailler même un supercuirassé en pièces... mais seulement si la lance atteignait son but, car, contre un rempart latéral intact, les torpilles à énergie avaient le même effet qu'autant d'œufs mollets.

C'était un plan délirant et c'était à Honor de le mettre à exécution.

Elle resta encore un moment à contempler l'écran d'un œil furibond, puis elle l'éteignit d'un geste écœuré et se laissa tomber sur le dos en travers de sa couchette. Nimitz s'étira et descendit de son juchoir pour se rouler en boule sur son ventre, et, cette fois, elle lui gazouilla des mots câlins et le caressa tandis qu'il posait le menton sur son sternum pour l'aider à réfléchir.

Elle avait envisagé de protester ; après tout, la tradition autorisait le capitaine à contester les modifications qu'on faisait subir à son bâtiment, mais l'Intrépide ne lui avait pas encore été affecté lorsque l'ordre de radoub avait été donné et son droit de contestation n'était pas un droit de refus. Honor savait parfaitement comment Hemphill réagirait à la première protestation et, de toute façon, il était trop tard pour réparer les dégâts. En outre, elle avait des ordres. Aussi stupides qu'ils soient, c'était son devoir de les appliquer, un point c'est tout, comme on disait à l'Académie. Et même le cas eût-il été différent, l'Intrépide était son navire, son navire à elle, nom de Dieu! Malgré toutes les manigances d'Hemphill, Honor ferait son possible pour empêcher qu'on salisse la réputation de l'Intrépide.

Elle profita du ronronnement de Nimitz qui vibrait en elle pour dénouer ses muscles tendus; elle n'avait jamais réussi à savoir quels autres effets il produisait en elle, mais ce mystérieux sens qu'il possédait devait y jouer un rôle essentiel, car elle sentit l'indignation faire place à la détermination et elle savait fichtre bien qu'elle n'y était pour rien.

Son esprit se mit à examiner le problème sous toutes ses coutures et elle finit par s'estimer capable de mener le plan à bien au moins une fois, en supposant que les Agresseurs n'avaient pas décrypté les codes de sécurité d'Hemphill. Après tout, c'était une idée tellement folle qu'aucune personne saine d'esprit n'y songerait !

Imaginons qu'elle se débrouille pour se joindre à une des escadres de protection... C'était une position assez logique pour un croiseur léger et les galonnés auraient tendance à négliger l'Intrépide pour se concentrer sur les bâtiments lourds adverses; elle pourrait peut-être en profiter pour se glisser à portée de lance et en décocher un coup. C'était quasiment du suicide, mais cela ne dérangerait pas les petits copains d'Hemphill : un croiseur léger (avec son équipage) contre un cuirassé ou un super-cuirassé, ce serait plus qu'équitable à leurs yeux, ce qui était une des raisons de l'aversion d'Honor pour leur soi-disant doctrine tactique.

Pourtant, même si elle réussissait la manœuvre et s'en sortait indemne par miracle, il n'y aurait pas de deuxième occasion —une fois que les Agresseurs auraient reconnu la présence de l'Intrépide dans les parages et l'arme dont il était équipé. Ils grilleraient simplement tous les croiseurs légers qu'ils rencontreraient, car Hemphill avait placé son marteau-pilon dans une coquille d'œuf bien trop fragile pour résister au feu d'un bâtiment de ligne. D'un autre côté, réussir ce coup ne serait-ce qu'une fois rehausserait le prestige d'Honor, du moins auprès de ceux qui admettaient l'impossibilité de sa mission.

Elle ferma les yeux et soupira, car elle se connaissait : elle n'avait jamais su refuser un défi. S'il existait un moyen de mener à bien le gambit d'Hemphill l'Horrible, elle le découvrirait, même si cette idée lui glaçait les sangs.

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